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Personne n’est venu m’ouvrir, mais ça, c’était normal. La consigne était de faire comme chez moi, et cela depuis toujours. J’ai donc poussé la porte (il y a un coup à prendre) et j’ai pénétré dans le vestibule, toujours aussi mal éclairé. J’ai longé le couloir, jetant par habitude un coup d’œil par l’ouverture du salon. Mamie Jeannette, la grand-mère de Boule qui s’occupe de lui depuis des années, était assise dans un fauteuil, occupée à tricoter. Elle m’a chevroté son traditionnel “Mais c’est mon petit Valentin préféré…”, et j’ai répondu sans grande conviction par un sourire qui devait faire peur à voir.

Au bout du couloir, j’ai escaladé l’escalier qui menait à la chambre de Boule, j’ai frappé un coup sur la porte, un seul, et je suis entré.

Boule, sans surprise, était assis devant sa télé, la manette de sa Playstation 3 à la main. Il a fait pivoter sa chaise de dactylo et m’a toisé.

– Depuis quand tu entres sans utiliser le code secret ?

Le code secret, c’était deux coups longs, trois coups brefs et un coup long, mais, à franchement parler, j’avais d’autres chats à fouetter. J’ai tiré le coffre à jeux, jeté sur le lit la pile de jeux vidéo qui l’encombrait et je me suis assis au plus près.

– Il faut que je te parle. C’est sérieux.

Boule m’a longuement considéré, de la tête aux pieds, et j’ai vu son regard loucher sur les choses informes qui me servaient de chaussons, puis il a fini par hocher la tête et a mis Gran Turismo en pause.

– Je t’écoute, vieux.

Il est comme cela l’ami Boule, et c’est pour ça que c’est mon ami : il ne prend jamais mes problèmes à la légère.

Je lui ai tout raconté, sans omettre aucun détail, depuis l’assiette brisée dans la cuisine jusqu’au Cacolac que je n’ai jamais eu le cœur de boire. Quand j’ai eu terminé, il a gardé le silence pendant un bon moment, sans doute pour me donner le temps de ne pas éclater en sanglots.

Je me suis raclé la gorge

– Tu ne me crois pas fou à lier, hein ?

– Mais non, évidemment.

Boule m’avait répondu avec l’air grave qui lui était familier. Ce soir-là, je vous l’avoue honnêtement, j’ai failli me jeter dans ses bras.

Je lui ai fait part pour le principe de mes théories échafaudées au snack-bar, et Boule m’en a proposé de nouvelles qui, si elles étaient plus rationnelles, ne valaient finalement pas beaucoup mieux. Je me souviens avoir avancé les hypothèses du camouflage humain et de la double identité (comme dans Mon prof est un extraterrestre et l’Ile du crâne, bouquins que j’avais lus à l’école primaire), mais l’ami Boule n’a pas semblé convaincu. La discussion s’est échauffée et, du coup, je me suis senti un peu mieux.

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(C) 2015-16 Jérémie Cassiopée

Illustration: Marzena Pereida Piwowar

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