RÉCITS FANTASTIQUES GRATUITS

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Quand j’ai pilé, à bout de souffle, devant ma barrière, j’avais couru tellement vite que j’étais presque sec. Je me suis caché derrière la haie et j’ai fait l’état des forces en présence :

Mon père était dans le garage, en train de bricoler sur sa moto. De temps à autre, j’apercevais un bras, ou une jambe.

Ma mère, apparemment, était dans le salon, en train d’écouter comme souvent un morceau de musique classique. (Ne me demandez pas lequel, hein. Comme vous le savez, mon truc, c’est la lecture, pas Beethoven ni Chopin.)

La voie était libre, donc. Je me suis faufilé dans le jardin et j’ai fait le tour de la maison, poussant un ouf ! de soulagement quand j’ai vu par le carreau la lumière allumée dans la chambre de ma sœur.

Il semblait donc qu’elle avait été épargnée, en fin de compte…

J’ai agrippé la gouttière et, tant bien que mal, je me suis hissé jusqu’à sa fenêtre. Cette dernière était entrouverte et je me suis glissé dans la chambre, une chambre couleur bonbon envahie par les peluches et les posters de dauphins.

Ma sœur était allongée à plat ventre sur le lit, absorbée dans la lecture d’Astrapi. Elle ne m’avait pas entendu entrer.

Je me suis avancé et j’ai chuchoté :

– Julie, c’est moi. Tu vas bien ?

Ma sœur a tressailli et, en m’apercevant, a dégringolé de son lit pour se réfugier, la mine épouvantée, dans le coin le plus éloigné.

– Julie… ai-je répété stupidement.

Mais celle-ci pour toute réaction s’est plaquée contre le mur comme si elle voulait passer derrière la tapisserie. En voyant sa poitrine se gonfler et sa bouche s’étirer, j’ai compris tout à coup ce qui allait se passer, et je savais que je n‘allais pas aimer.

– Julie, non. Chut… C’est moi, Valentin…

– Iiiiiiiiiiiiii !

Le cri était strident et incroyablement puissant – comment pouvait-il être aussi puissant venant de si petits poumons ? Tout le quartier avait dû en profiter, c’était sûr.

Ma sœur me regardait avec une expression horrifiée et son visage était livide.

– Maaaman ! Paaapa ! Il y a un fantôme dans ma chaaambre !

J’ai jugé inutile toute tentative d’explication supplémentaire et j’ai battu en retraite vers la fenêtre. J’ai empoigné la gouttière et je me suis laissé glisser – Ouille ! Aille ! Hou là ! – aussi vite que j’ai pu, tandis qu’au-dessus de moi – Iiiiiiiiiiiiii ! – la voix de la sœurette continuait de me poursuivre.

J’ai sauté d’un bond le dernier mètre et je me suis enfui à toutes jambes à travers le jardin. Quand j’ai franchi la barrière, la lumière du hall d’entrée s’est allumée : mon père se tenait là, en contre-jour, sa stature de titan dressée dans la lumière, et Nestor aboyait furieusement à ses côtés. Il m’a grondé quelque chose que je n’ai pas compris, et je ne suis pas resté à l’attendre pour demander des éclaircissements.

J’ai couru, couru, couru, et je me suis retrouvé, à bout de souffle, perdu dans l’une des ruelles du quartier piétonnier que je venais de quitter. Sur ma gauche, un snack-bar. J’y suis entré en désespoir de cause, et je me suis effondré à la première table venue.

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Tous droits réservés
(C) 2015-16 Jérémie Cassiopée

Illustration: Marzena Pereida Piwowar

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