Écoutez bien, les p’tits gars. Que vous soyez lecteurs ou lectrices, j’ai une histoire pour vous :

Comment réagiriez-vous si, du jour au lendemain, votre mère vous avait complètement effacé de sa mémoire ? Si votre père vous prenait pour un assassin, votre sœur pour un fantôme ? Si, tout autour de vous, le monde s’écroulait sans crier gare et que vous ne sachiez plus vers qui vous tourner　?

Impossible que cela vous arrive, répondrez-vous. IM-POS-SI-BLE. Vous connaissez vos proches, ceux que vous aimez. Vous leur faites confiance. Ils vivent à vos côtés, jour après jour, semaine après semaine, fidèles à eux-mêmes et à leurs petites habitudes.

Une famille entière qui, comme ça, sans prévenir, ne vous reconnaît plus ou vous prend pour un autre ? Pourquoi prendre la peine d’imaginer une telle bizarrerie ? La question n’a aucun sens, pas vrai ?

Pas sûr, les p’tits gars, pas sûr.

Pour ce qui me concerne, la question a pris tout son sens – un sens sacrément tordu – le dernier vendredi des grandes vacances de l’an dernier, juste avant la rentrée scolaire. J’ai vécu ce jour-là, à l’âge de treize ans et onze jours, l’aventure (la mésaventure plutôt) la plus extraordinaire, la plus incroyable qui soit. Pourtant je vous assure – main posée sur mon livre le plus sacré – que tout ce que je vais vous raconter m’est arrivé, de la première majuscule jusqu’aux derniers points de suspension, aussi vrai que je m’appelle Valentin.

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