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J’ai pris le temps de prendre une douche et un peu plus tard, T-shirt du film Voyage au Centre de la Terre flambant neuf sur le dos et les pantoufles à fleurs de ma mère aux pieds, je rejoignais mon père dans le garage.

Pour ne pas changer, il travaillait sur sa vieille Harley. Je me suis approché, et je n’ai pu contenir une légère appréhension. Un certain sentiment de rancune, même. Après tout, pas plus tard que la veille, n’avait-il pas essayé de me fracasser la tête à coups de clé anglaise ?

J’ai quand même tendu la joue, l’air de rien.

– Bonjour P’pa.

Mon père m’a embrassé et, selon un rituel bien établi, m’a asséné une grande claque affectueuse dans le dos.

– Salut fiston ! Enfin réveillé ?

L’arrière de mon épaule, comme à chaque fois qu’il faisait cela, s’est mise à me cuire bigrement, et mon superbe T-shirt devait être couvert de cambouis, mais je me sentais mieux.

J’ai tourné un moment autour de son atelier, prétextant m’intéresser à ses activités, histoire de voir si la mémoire des événements incroyables de la veille allait lui revenir, mais non.

Il m’a regardé comme une bête curieuse (je porte normalement à la mécanique la même affection débordante qu’à la musique classique de ma mère) puis m’a pris doucement des mains le tournevis que je m’obstinais à tripoter sans raison.

– Tu veux me dire quelque chose, Fiston ?

J’ai hésité.

– Non P’pa.

Il a plongé son regard de colosse débonnaire dans le mien, cherchant à deviner mes pensées.

– Tu es bien sûr ?

– Oui P’pa.

Je suis resté planté devant lui quelques instants, puis je me suis décidé à tourner les talons. Mon père m’a arrêté dans mon élan.

– Emporte ça avec toi, Fiston.

Il me tendait un livre détrempé par la pluie : La Guerre des mondes, de H.G. Wells. C’était celui que, dans ma stupeur et mon affolement, j’avais laissé tomber la veille.

– Ta mère va être furieuse si elle apprend ça. Je l’ai trouvé ce matin devant la barrière. Qu’est-ce qui s’est passé avec ce bouquin ?

J’ai baissé les yeux et j’ai choisi de ne pas répondre.

Mon père a poussé un soupir.

– Bon, ce n’est pas grave. Mais fais attention la prochaine fois, hein.

Et comme j’allais partir, il m’a arrêté de nouveau :

– À propos, tu n’aurais pas vu ma clé anglaise par hasard ? La plus grosse, celle que je garde d’habitude dans mon coffre à moto. Impossible de mettre la main dessus depuis ce matin. C’est vraiment bizarre…

(Suite et fin sur PAGE 16)

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Tous droits réservés
(C) 2015-16 Jérémie Cassiopée

Illustration: Marzena Pereida Piwowar

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